Le 13 mai 1950, personne n’aurait pu prédire l’évolution que connaîtrait la Formule 1 au cours des sept décennies suivantes. Des pilotes portant des casques en tissu et courant sur des pistes abandonnées à un sommet technologique impressionnant, le parcours de la F1 a été exceptionnel. Alors que le sport fête son 70e anniversaire, examinons les contrastes et les continuités au fil des années.

Les Voitures
L’Alfa Romeo 158 de 1950, conduite par Dr Giuseppe ‘Nino’ Farina, ne ressemble en rien à l’Alfa Romeo C39 de 2020.
Alfa Romeo 158 (1950) :
- Moteur avant, traction arrière
- Moteur 8 cylindres en ligne superchargé de 1,5 litre
- Poids de 709 kg, 350 ch
Alfa Romeo C39 (2020) :
- Moteur arrière, traction arrière
- Moteur V6 turbo hybride de 1,6 litre
- Poids de 746 kg, plus de 1 000 ch
Bien que l’Alfa Romeo 158 ait déjà 13 ans en 1950, ayant été conçue avant la Seconde Guerre mondiale, elle était encore impressionnante pour l’époque. En revanche, la C39 de 2020 est une bête totalement différente, trois fois plus puissante malgré un moteur légèrement plus grand. La voiture moderne atteint des vitesses supérieures à 350 km/h, accélère de 0 à 100 km/h en deux secondes, contre 290 km/h et quatre secondes pour la 158. Les freins en carbone de la C39 offrent également une force de freinage de 5g, alors que la 158 comptait sur des freins à tambour en aluminium basiques. Les boîtes de vitesses ont aussi évolué : la voiture de 2020 utilise des palettes de changement de vitesses avec une transmission à huit rapports, tandis que la 158 avait une boîte manuelle à quatre rapports.
Les Équipes
En 1950, les équipes de F1 étaient beaucoup plus petites, composées de quelques mécaniciens et pilotes, et souvent les pilotes privés concouraient seuls. Alfa Romeo et Talbot étaient les seules à avoir des équipes officielles, tandis que d’autres, comme l’Ecurie Belge ou la Scuderia Ambrosiana, étaient des équipes semi-professionnelles. Aujourd’hui, les équipes de F1 sont devenues des structures gigantesques, des opérations multimillionnaires employant des centaines, voire des milliers de personnes, avec plus de 100 membres de personnel soutenant chaque équipe lors de chaque course.
L’Équipement

En 1950, l’équipement de sécurité était minimal. Farina courait avec une casquette en tissu, des lunettes, une combinaison en coton et des gants en cuir. Aujourd’hui, les pilotes portent des casques en fibre de carbone avec des dispositifs HANS, des combinaisons ignifugées et des gants de haute technologie équipés de capteurs biométriques qui transmettent des données en temps réel à la direction de course.
Le Circuit – Silverstone
Le circuit original de Silverstone, utilisé pour le Grand Prix de Grande-Bretagne de 1950, était essentiellement un tour autour d’un ancien périmètre de base aérienne. Avec des installations minimales, les mécaniciens travaillaient sur les voitures dans l’herbe derrière les stands, protégés seulement par une ligne blanche peinte qui les séparait des voitures en course. Aujourd’hui, Silverstone est un site ultramoderne, étendu à 5,9 km avec des installations modernes comme l’emblématique bâtiment Wing, qui abrite les nouveaux stands et des équipements de luxe.
Les Pilotes
La grille de 1950 était composée de pilotes beaucoup plus âgés, avec des personnalités comme Luigi Fagioli et Louis Chiron dans la cinquantaine. Le peloton était un mélange éclectique d’aristocrates, de professionnels et de pilotes à temps partiel. Aujourd’hui, les pilotes de F1 débutent leur carrière très jeunes, souvent en commençant le karting dès leur enfance. La grille actuelle a une moyenne d’âge de 26 ans, Kimi Räikkönen étant le plus âgé à 40 ans, et Lando Norris étant le plus jeune à 20 ans.
La Compétition

La course de 1950 se caractérisait par une grande disparité de performances. Le temps de pole position de Farina était de 1m 50,8s (151,4 km/h), tandis que le dernier pilote était 18 secondes plus lent. Dix pilotes abandonnèrent, et huit des 11 classés furent doublés. En comparaison, le Grand Prix de Grande-Bretagne de 2019 a été marqué par une bataille serrée, avec le poleman Valtteri Bottas seulement 3,164 secondes devant le dernier du classement, et seulement trois abandons en 81 minutes de course.
Les Points
En 1950, la victoire de Farina lui rapporta seulement huit points, avec une distribution simple des points : 8-6-4-3-2 pour les cinq premiers. Les pilotes comptaient leurs meilleurs quatre résultats pour le championnat. En 2019, le vainqueur remportait 25 points, plus un point pour le tour le plus rapide, avec les dix premiers pilotes marquant entre 25 et 1 point.
Les Arrêts aux Stand
Les arrêts aux stands en 1950 étaient lents, prenant environ 25 secondes pour un ravitaillement et un changement de pneus. Aujourd’hui, un arrêt rapide peut être effectué en moins de deux secondes, l’équipe Red Bull ayant établi un record avec un arrêt en 1,82 seconde lors du Grand Prix du Brésil 2019.
La Sécurité
En 1950, la sécurité était un aspect secondaire. Les pilotes couraient souvent sans ceinture de sécurité ni casque, et les circuits étaient protégés par des bottes de foin. Malheureusement, plusieurs accidents mortels ont été nécessaires pour améliorer la sécurité. Aujourd’hui, les voitures de F1 sont équipées de cages de sécurité solides, de structures anti-choc et de dispositifs Halo, et les pilotes sont attachés avec des harnais à six points. Les circuits sont équipés de structures médicales, les commissaires sont formés à l’extraction des pilotes, et les voitures sont équipées de capteurs pour alerter si un accident dépasse un certain seuil de force.

Ce Qui Reste Inchangé
Malgré tous ces changements, l’essence de la F1 demeure la même : une lutte entre pilotes pour la suprématie sur la piste. Que ce soit la compétition brute des années 1950 ou la stratégie technologique de la F1 moderne, l’objectif fondamental du sport – surpasser ses rivaux – reste inchangé. Certaines éléments, comme l’utilisation des pneus Pirelli et le nom Alfa Romeo, font toujours partie de l’ADN de la F1. L’esprit de compétition reste vivant, même à mesure que le sport continue de se transformer.